Courrier électronique : halte aux abus

Introduction

Vous en avez marre du « mail ». Ce qui vous paraissait au début être l'outil de communication parfait et ultime n'évoque plus aujourd'hui qu'un grand dépotoir : votre boîte aux lettres. Bienvenue ici.

Vous n'avez pas ce problème ? Lisez quand même :

  1. vous n'êtes qu'en sursis
  2. pour vous éviter d'aggraver ce problème chez vos correspondants qui, eux, en souffrent déjà
  3. pour vous éviter d'entacher votre réputation ou celle de votre société

Motivations

Il y a déjà de nombreuses pages qui expliquent pédagogiquement qu'il ne faut pas faire ceci ou cela, que tel système de messagerie n'est pas bon, etc., mais toutes ces pages sont soit longues et trop détaillées, trop techniques, plus mises à jour, surtout consacrées aux forums publics (news), à un problème particulier, etc.
Lire de volumineuses documentations ne passionne que les informaticiens (et encore). Je vais donc essayer de faire ici une synthèse. Ce document est pourtant un peu long, mais chaque paragraphe tente de décrire le plus brièvement possible un problème bien précis, et peut se lire indépendamment du reste.

Résumé

  1. Trop de messages
  2. Trop de messages illisibles
  3. Trop de messages moches

Un mot d'Histoire du courrier électronique

Le passé

Il y a quelques années, certains pionniers ont peu à peu élaboré la messagerie électronique de type « internet » (SMTP). Son succès fulgurant fut dû essentiellement à une chose : son universalité.

Avant (et toujours un peu maintenant), il y avait des tas de systèmes de messagerie différents et incompatibles entre eux. Un peu comme s'il était impossible d'envoyer une lettre en Allemagne, seulement parce que les enveloppes n'étaient pas de la même taille.

Comme les mécanismes techniques de la messagerie SMTP (« internet ») étaient clairement et publiquement documentés, peu à peu, chaque système de messagerie « concurrent » a conçu une passerelle de conversion pour communiquer avec la messagerie SMTP, qui est devenue « universelle ». À tel point qu'un grand nombre des autres systèmes de messagerie ont disparu ou sont en voie.


Le présent

C'est merveilleux, la messagerie électronique pose très peu de problèmes de compatibilité, tout le monde peut communiquer rapidement et efficacement avec tout le monde. Il existe un grand choix de logiciels pour gérer son courrier, fonctionnant sur toutes sortes de systèmes informatiques. La quasi totalité sont très peu coûteux, beaucoup sont gratuits et certains sont même extensibles et modifiables par soi-même. Et - à part quelques mauvais élèves ayant en partie motivé la rédaction de ce document - tous communiquent parfaitement avec tous.

Comment choisir un logiciel ?
Un gros travail d'inventaire est en cours dans le forum fr.comp.mail et des documents bien avancés sont déjà disponibles pour windows et unices et macintosh. Toute contribution à ce travail est extrêmement bienvenue.


Le futur

Il est sombre.

Certains problèmes nouveaux (par rapport au temps où seuls une petite minorité d'informaticiens utilisaient cet outil), mettent cet outil merveilleux en danger :

  1. Il y a trop de messages
  2. Il y a trop de messages illisibles
  3. Il y a trop de messages moches
Note : pour une initiation aux mécanismes techniques du courrier électronique, on pourra consulter cette page du site arobase.


Quels sont ces abus, en quoi sont-ils gênants ?
- le bruit

De nombreuses personnes reçoivent des dizaines voire des centaines de messages par jour. Sur tous ces messages, combien vont leur être utiles ? Cinq ou six probablement. Chaque message supplémentaire qu'elles reçoivent augmente le temps qu'elle passent à lire, classer, archiver leur courrier, la difficulté de lecture, et donc l'utilité en général de l'outil courrier électronique.
La plupart des utilisateurs archive une grande partie de leur courrier électronique pour s'y référer ultérieurement. Le fait que les messages archivés contiennent diverses « pollutions » (détaillées ci-après) empêche d'y faire des recherches efficaces.

- le coût

Contrairement au courrier classique, où seul l'expéditeur paye, dans le courrier électronique les coûts sont partagés. En ne simplifiant quasiment pas, on peut dire que le coût d'un message (transport, stockage, traitement, etc.) envoyé à 100 personnes va être réparti équitablement entre les 101 participants. C'est très avantageux pour celui qui expédie, mais beaucoup moins pour celles qui reçoivent, et encore moins pour les 90 que le message n'intéressera pas de toute façon.
Les coûts du courrier électronique étant toujours diffus, largement répartis entre les nombreux intervenants, et les facturations s'effectuant très souvent au forfait, l'apparence de gratuité est très forte. Mais il ne faut pas s'y tromper, chaque caractère transmis a un coût bien réel : la très technique maintenance des liaisons télécoms et des serveurs n'est pas assurée par l'opération du Saint-Esprit, et le coût des investissements pour de régulières augmentations des capacités (sans cesse nécessaires à cause d'un encombrement chronique), se répercute fatalement d'une façon ou d'une autre. Si ce n'est pas directement en bas d'une facture, c'est au mieux en lenteurs ou en envahissantes publicités.

- l'encombrement

Même s'il paraît qu'aujourd'hui en France « internet est gratuit » (encore faut-il regarder sa facture téléphonique), la majorité des accès à internet se fait encore aujourd'hui par modem, c'est à dire lentement. Chaque message supplémentaire allonge encore les temps de chargement. Et même si les télécommunications sont rapides, les machines et les logiciels de traitement du courrier sont ralentis par le temps passé à traiter des messages non désirés. Quelle que soit la vitesse initiale des réseaux, du trafic inutile provoquera de toute façon des baisses de performance sensibles et pénibles.
La plupart des serveurs de messageries impose naturellement une taille maximum de la boîte aux lettres. Au delà, les nouveaux messages arrivants sont refusés. Cette saturation peut être très vite atteinte en cas de messages volumineux.
Si vous êtes utilisateurs de listes de diffusion, sachez que la majorité d'entre elles archivent et indexent les messages. Ceci pour permettre à toute personne ayant les mêmes préoccupations que vous, mais 3 mois ou 3 ans plus tard, de gagner un temps précieux, pour restreindre la liste aux thèmes d'actualité et ainsi augmenter son efficacité, et éviter de finir par faire fuir les habitués, qui sont souvent les personnes les plus intéressantes. Afin de faciliter grandement ce travail d'archivage, il est préférable d'envoyer des messages qui ne comportent que de la « charge utile », c'est à dire d'éviter d'inclure citations intégrales des messages précédents ou pièces-jointes exotiques
Et enfin, comment voulez-vous réussir à déterminer à l'avance les capacités techniques de vos destinataires ? C'est totalement impossible. Une même personne peut très bien consulter son courrier électronique aujourd'hui sur un réseau d'avant-garde, et demain péniblement avec un téléphone mobile, ou encore depuis un sombre cybercafé mal équipé à l'autre bout de la planète.

Même si un jour les télécommunications sont quasiment gratuites pour tous partout dans le monde et dans toutes les conditions, il ne faut pas oublier qu'un message n'est pas que transmis. Il est aussi stocké temporairement, archivé, indexé, classé, trié, filtré, décontaminé, relayé, renvoyé, exhumé, imprimé et... lu ! Ne pas respecter les usages décrits ci-dessous, c'est rendre chacune de ces opérations plus pénible, y compris dans l'hypothèse utopique de réseaux haut débit généralisés et de télécommunications « gratuites ».



A. Trop de messages

Pour envoyer une lettre à 100 personnes, il faut cent timbres, et beaucoup de temps et d'argent. Seuls les supermarchés ont les ressources suffisantes pour bourrer votre boîte aux lettres (réelle).

Par contre, pour envoyer un courrier électronique à 100 personnes, il faut deux clics. Cela ne coûte presque rien, et tout le monde peut le faire. Résultat inévitable : il y a des abus. Voici les différentes formes d'abus en nombre de messages :

  1. Les lettres-chaîne et canulars
  2. le « SPAM »
  3. les dialogues en direct


Les lettres-chaîne et autres canulars

Les lettres-chaîne et les canulars consistent à saturer un nombre maximum de boîtes aux lettres et de réseaux le plus rapidement possible, grâce à un message douteux. En essayant de mobiliser le maximum de personnes, ils augmentent les problèmes indiqués ci-dessus de façon exponentielle.

Le scénario est toujours le même : on vous raconte n'importe quoi, mais c'est très important, et il est absolument vital que la terre entière soit avertie le plus vite et le plus tôt possible, donc dépêchez-vous de faire passer ce message à tout le monde. Décrit comme ça, ça paraît incroyable, mais comme c'est un peu plus subtil et que ça fait toujours appel à vos meilleurs sentiments, ça marche. En général on reçoit le même message 3 ou 4 fois dans la même journée, par des circuits différents, puis cela se calme, jusqu'à ce que la même histoire légèrement modifiée ressorte quelques mois plus tard.

Mais surtout, même si l'information contient un fond de vérité, est-ce qu'elle vaut vraiment la peine d'envahir les boîtes aux lettres de centaines de milliers de personnes en une journée ? Si elle est si importante, vous ne croyez pas que les médias traditionnels (presse, radio, télévision) en parleraient ? Vous avez vraiment si peu confiance en eux, pour ressentir le besoin de la diffuser massivement par courrier électronique ?

Il y a deux variantes, les lettres-chaîne et les canulars (en général des alertes pour de pseudo-virus). Voir « Plus d'info ? » pour les détails. Notez tout de même ici qu'un simple courrier électronique ne peut pas contenir de virus. Seul un programme, ou un document Word, Excel ou Powerpoint contaminé transmis par pièce-jointe peut être nocif. Il suffit de ne pas ouvrir les annexes douteuses (à part dans le cadre de l'utilisation d'Outlook, qui pose de plus grands problèmes de sécurité), voir cette page d'introduction sur les virus. Par ailleurs les virus sont souvent spécifiques à un système ou un type de logiciel donné, et donc même s'il ne s'agit pas d'un canular, et que le virus est bien réel, vos correspondants peuvent très bien ne pas être du tout concernés par vos petits problèmes personnels de virus. En résumé, la consigne ne change pas : dans le moindre doute, abstenez vous.

Que faire ?

Quelqu'un vous a encore envoyé une lettre-chaîne ou une alerte bidon contre un virus inexistant.

Plus d'info ?

Il existe deux excellentes pages en anglais sur ce sujet (lettres-chaîne et canulars) sur le site du CIAC, un organisme public américain. Elles sont traduites en français ici même : (lettres-chaîne en français et canulars en français)
On peut aussi consulter cette page d' explications sur les canulars, rédigée par Alexandre Nouvel, qui contient notamment des pointeurs très utiles vers des bases de données recensant les canulars connus.


Le « SPAM »

Ce nom provient d'un sketch des Monty Python. On emploie aussi le sigle « UCE », pour Unsolicited Commercial E-mail. C'est l'équivalent sur internet des catalogues qui s'entassent dans votre vraie boîte aux lettres, à la différence que c'est vous qui payez. De plus ces publicités sont fréquemment pour des sites à caractère « réservé aux adultes », ce qui peut poser des problèmes pour certains utilisateurs. Il faut honnêtement reconnaître qu'il n'existe pas à ce jour de solution technique efficace à 100% pour lutter contre ce phénomène.

Que faire ?

- Si vous n'y connaissez pas grand chose en réseau, il n'y a franchement rien à faire. La seule chose à faire, est de faire confiance à votre fournisseur d'accès à internet : il travaille continûment (en principe) pour lutter contre cela. Si vous en recevez vraiment trop, plaignez vous auprès de lui ou changez en.
Vous pouvez quand même vous plonger dans les réglages de votre logiciel de courrier, pour qu'il efface automatiquement ces messages. Cela ne résout qu'une partie des problèmes.
- Si par contre vous comprenez quelque chose aux relais SMTP et autres adresses IP, peut-être avez-vous déjà entendu parler de ORBS ou SpamCop ?
- Si enfin vous ne comprenez rien au jargon ci-dessus, mais que vous êtes avide d'apprendre, vous pourrez sur le site usenet-fr trouver la FAQ « comment réagir aux messages abusifs » qui contient conseils détaillés et nombreux pointeurs.

Plus d'info ?

cette page du serveur Kesako peut aussi être un point de départ.


Les dialogues en direct

Le courrier électronique est conçu techniquement pour remplacer le courrier réel, c'est à dire pour s'échanger des messages réfléchis, mûris, et qui se conservent. Il se prête assez mal aux dialogues rapides et interactifs. Il arrive qu'on s'en serve pour échanger quelques mots, mais cela est rarement pratique en définitive :
- la majorité des gens archivent automatiquement leurs messages envoyés, et cette archive s'encombre
- la bêtise que vous avez écrite trop rapidement est maintenant stockée chez votre correspondant,
- etc.
Il existe de nombreux outils de « chat » (« discussion, tchatche » en anglais) mieux conçus pour les dialogues. Dans les plus connus, on trouvera : talk, ICQ, IRC, AOL Instant Messenger et son rival MSN Messenger. Une liste très complète pour Macintosh se trouve sur le site « The Mac Orchad » et pour Windows on pourra consulter par exemple chercher sur le site tucows.

Malgré tout, personne ne viendra se plaindre si vous utilisez le courrier électronique pour dialoguer en direct, SAUF ! si vous passez par le biais d'une liste regroupant plusieurs personnes. Les tierces personnes de la liste ne seront certainement pas intéressées, lorsqu'elles rentreront de vacances début novembre, par le fait que le lundi 18 octobre vous avez pris votre pause café avec votre collègue du bureau d'en face à 16h12. Ne souriez pas, cela vous est déjà arrivé.

Que faire ?

- ne pas utiliser votre alias tous_mes_amis_que_jai pour expliquer que le rendez-vous de ce soir est annulé.
- si vraiment c'est la seule issue qu'il vous reste, faites-le, mais utilisez au moins pour cela le champ Bcc: (= « copie cachée »), comme expliqué juste un peu plus bas.



B. Messages illisibles

Généralités

Comme déjà évoqué, le courrier électronique a connu un succès fulgurant grâce à sa simplicité technique et sa compatibilité universelle, qui ont permis de faire communiquer entre eux toutes sortes de systèmes informatiques pourtant parfois très différents. Réciproquement, cette (trop ?) grande simplicité est aussi une source de frustrations : ne pouvoir échanger que du texte est tout de même très limité. Les techniques du courrier électronique ont donc naturellement évolué et diverses extensions sont apparues. Mais qui dit évolution dit problèmes potentiels :
- tout le monde n'a pas forcément le besoin, l'envie ou les moyens d'évoluer
- les évolutions peuvent poser des problèmes de compatibilité
Concernant ce dernier problème de compatibilité, la question est vite réglée. Si une personne compétente et de confiance vous explique que telle ou telle fonction de votre logiciel de courrier électronique n'est pas normalisée, documentée et bien connue et qu'elle peut poser des problèmes de compatibilité, alors ne l'utilisez pas, car il serait réellement catastrophique de remettre en question l'universalité du courrier électronique. Et ne l'utilisez tout particulièrement pas avec des correspondants dont vous ne connaissez pas les habitudes informatiques : il est extrêmement désagréable de recevoir un message difficile ou impossible à déchiffrer, notamment lorsqu'on n'a pas la dernière version du logiciel ad hoc, voire pas le logiciel du tout.

Mais pourquoi de telles fonctions incompatibles sont-elles disponibles dans certains logiciels ? Parce qu'à partir du moment où vous échangez de l'information sous une forme technique un peu mystérieuse et déchiffrable à coup sûr seulement par les logiciels d'un certain éditeur, vous devenez dépendant des logiciels de ce vendeur, ce qui présente à terme un intérêt stratégique et commercial majeur. On voit là que lorsqu'une grande firme donne un logiciel gratuitement, ce n'est pas toujours sans arrière-pensée, voire même... jamais.

Une fois la question des formats de documents exotiques écartée, reste maintenant le cas des principales extensions, celles qui sont normalisées et universellement reconnues. La première et principale règle, qui s'applique dans tous les cas, est la suivante :

« Lors d'un envoi sur une liste de diffusion extérieure, où vous ne connaissez pas parfaitement tous les outils utilisés par tous les correspondants, n'utilisez jamais aucune extension au courrier électronique de base : n'envoyez toujours que du texte seul, brut, sans fioriture. Ainsi vous serez certain de ne jamais gêner personne, quel que puisse être son système informatique, quelles que soient ses limitations techniques »
Ou en plus bref : « Dans le doute, abstiens-toi, et n'utilise que les techniques les plus basiques. »


Les accents

Il est un peu attristant d'inclure les caractères accentués et autres diacritiques (cédille,...) dans le domaine des extensions aux techniques de base du courrier électronique, mais pourtant il faut reconnaître qu'à l'origine certains logiciels de transport du courrier électronique (rien à voir avec celui que vous utilisez pour lire et gérer votre courrier), avaient de sérieux problèmes pour transmettre les diacritiques. Si l'on écrivait « un bel été », on pouvait recevoir à l'autre bout « un bel iti ». Pour contourner temporairement ce problème, une option a été ajoutée dans la plupart des logiciels de courrier : l'option Quoted-Printable, que vous trouverez si vous fouillez dans les obscurs menus Options, Préférences, etc.
L'effet de cette option est très simple : tous les caractères posant problème sont remplacés par des codes ne posant pas de problème. Ainsi, « un bel été » est automatiquement remplacé par « un bel =E9t=E9 » par le logiciel de l'expéditeur, et inversement (on l'espère !) sur l'écran du destinataire.

Aujourd'hui en 1999, cet ancien problème de transmission de diacritiques est corrigé ou contourné sur 99,9% des installations, et il est donc fortement recommandé, sauf cas très particulier, de désactiver cette option, et de cocher plutôt à la place celle lui faisant face (généralement intitulée 8 bits). En effet, il est toujours préférable d'éviter tout tripotage inutile du texte, car il existe certains cas où le décodage ne se fait pas (compilation de messages, recherche et indexation, citation par un vieux logiciel, messages d'erreurs, etc.), et ce bidouillage peut finir par apparaître : « un bel =E9t=E9 ».

Par contre, il n'y a pas encore de solution universelle concernant les accents dans les en-têtes des messages, ce qui concerne donc particulièrement le champ Subject: ou Objet:. Il y a des solutions, mais tous les logiciels n'ont pas la même ! Ne vous étonnez donc pas si vous avez des problèmes à ce niveau, et si vous voulez vraiment être tranquille, n'utilisez pas d'accents dans le champ Subject:, et encore moins dans les adresses et tous autres en-têtes.

Que faire ?

Utilisez des accents. (Y compris sur les capitales, comme dans un vrai livre ou un vrai journal.) S'il vous plaît, ne rendez pas le français (ou l'allemand, ou le suédois,...) aussi illisible que les programmes informatiques, merci pour vos correspondants. On peut toujours y arriver, même avec un clavier américain, et même avec windows. C'est vrai, dans certaines configurations, c'est plus difficile. La qualité n'est pas partout, soyez plus exigeant la prochaine fois !

Rechercher dans votre logiciel de courrier le réglage Quoted-Printable, et le désactiver.
(Vous pourrez peut-être trouver de l'aide pour ce faire en bas de cette page)
Si quelques extrêmement rares de vos correspondants se plaignent de ne plus recevoir correctement les accents, insister pour qu'ils fassent régler ce problème par leur service informatique.

Plus d'info ?

La page de référence en français concernant ce problème d'accents est celle du CRU. C'est très technique.


Les annexes

... ou pièces-jointes, parfois appelées en (fr)anglais « attachements ».

Une fois pris goût au fait d'échanger des messages avec la terre entière, on éprouve rapidement l'envie de s'échanger de la même manière toutes sortes de fichiers informatiques : images, sons, fichiers de traitement de texte, etc. Le courrier électronique n'étant conçu au départ que pour transmettre un seul texte par message, diverses astuces ont été imaginées pour contourner cela et extraire et décoder correctement tout chez le destinataire. Ne vous inquiétez pas pour cela, vos logiciels s'ils sont bien conçus s'occupent de tout.

L' ancienne technique pour réaliser cette astuce s'appelait uuencode (les fichiers Macintosh nécessitaient plutôt BinHex). Ces techniques sont aujourd'hui tombées en désuétude au profit d'une norme universelle appelée MIME (ou AppleDouble) que votre logiciel utilise très probablement sans que vous vous en rendiez compte.

Cette norme MIME est réellement universelle, ce qui vous permet de joindre des fichiers à un quelconque message sans vous préoccuper de savoir si le destinataire arrivera à les extraire de votre message : il y arrivera. Mais ce n'est pas tout ! Il reste tout de même deux problèmes majeurs :

Quant aux listes de diffusion, la plupart d'entre elles interdisent tout simplement les pièces-jointes. Tout d'abord parce qu'il est impossible de demander à tous les membres d'acheter la dernière version de « Texto 2000 », ensuite parce qu'il y aura toujours sur la liste quelques personnes possédant une connexion réseau coûteuse ou de faible capacité, et finalement parce qu'il est probable que de nombreuses personnes n'auront pas le temps ou l'envie de consulter les pièces-jointes. Envoyer des fichiers sur une liste de diffusion ne représente en général que du gaspillage de ressources.
Toute liste de diffusion doit en fait faire clairement son choix : interdire les pièces-jointes, ou sinon interdire les abonnés qui ne possèdent pas « Texto 2000 » et une connexion réseau haut de gamme.

Que faire ?

Utiliser les annexes aux messages avec modération, à la fois en qualité (s'assurer au préalable qu'elles pourront être déchiffrées à l'arrivée), et en quantité.
Faire preuve d'encore plus de modération, voire d'abstinence, sur les listes de diffusion. Pour diffuser un fichier, la coutume consiste à le déposer sur un site web ou ftp et indiquer l'adresse dans un message, chacun allant ensuite le télécharger s'il le souhaite, et si ses possibilités techniques le permettent. À l'heure actuelle, de nombreuses sociétés proposent l'utilisation de ce type de serveur gratuitement.


Les messages en codage HTML

Contrairement à certains codages de documents non documentés, non normalisés, et qui finissent toujours par poser des problèmes de déchiffrage (... comme par exemple les multiples variantes du format Word), le langage HTML (celui des pages web) présente l'énorme avantage d'être au contraire formellement défini et donc très universellement reconnu. De plus les logiciels décodant l'HTML arrivent en général à se débrouiller même lorsqu'ils sont confrontés à de nouveaux dialectes de l'HTML inconnus auparavant. C'est pourquoi de nombreux logiciels récents vous offrent la possibilité d'envoyer des messages formatés à l'aide de codes HTML.

Pourtant, il semble bien que le triplement de volume et donc le triplement du coût occasionné par l'utilisation de ce langage dans le courrier électronique n'en vaille vraiment pas la chandelle, comme l'explique très bien Émilie Danna dans la section 3 de ce document.
On y apprend notamment que les prétendues améliorations de lisibilité sont loin d'être évidentes, voire même souvent néfastes. De plus, l'utilisation d'HTML empêche la citation correcte du message précédent. De façon générale, on constate qu'avant d'utiliser gras et couleurs pour exprimer ses idées, il peut déjà être plus simple et plus rentable de soigner concision, orthographe (accents), style, indentation, etc., comme le savent d'ailleurs depuis très longtemps certains professionnels renommés : les éditeurs de livres et de journaux ! Un message peu soigné relativement à ces principes de rédaction de base n'est en effet pas très agréable à lire. Mais le même message « taggué » en prime avec force variations de fontes et de couleurs devient alors franchement ridicule. On retrouve là l'idée simple que (contrairement à ce qu'essayent de faire croire les vendeurs de ces programmes informatiques) de bons outils de publication n'ont jamais suffi à faire un professionnel de la mise en page, pas plus qu'une caisse à outils ne fait un mécanicien.

Il n'est bien sûr pas question « d'interdire » les échanges de courrier codés en HTML entre adultes libres et consentants ! Mais par contre, il est extrêmement recommandé de ne jamais poster d'HTML sur une liste de diffusion, ou toute autre adresse où vous ne connaissez pas parfaitement les outils utilisés par vos correspondants.

En effet, il est très probable que certains de vos destinataires utilisent pour lire leur courrier électronique des logiciels ne décodant pas l'HTML, et ils ne pourront alors qu'être gênés par ce format. À ce jour, les logiciels les plus performants (en termes de rapidité, facilité et souplesse de traitement de très nombreux messages) ne décodent pas l'HTML, et ne prévoient probablement pas de le faire.

Que faire ?

Il peut être préférable de désactiver l'option qui vous permet d'envoyer des messages en HTML, notamment en milieu professionnel, où la simplicité et la sobriété sont synonymes de sérieux et toujours payants : à vous de voir si vous voulez vraiment envoyer des messages avec une mise en page qui risque d'être perçue comme « amateur ».



C. Messages moches

Introduction

De la même manière que pour le courrier classique, le courrier électronique obéit à un certain nombre d'usages, de coutumes, de pratiques, qui se sont imposés dans le but d'améliorer la lisibilité et la clarté des messages. Respecter ces habitudes est plus important encore que dans le cadre du courrier classique, pour la simple raison que le nombre de messages reçus est considérablement plus grand, et que donc tout détail facilitant la lecture des messages est bon à prendre.

Une fois de plus (on ne le répètera jamais assez) lorsque vous écrivez sur une liste de diffusion, d'une centaine de personnes par exemple, il est alors bon de prendre cent fois plus de soin, car tout effort sera cent fois utile.


Quelques détails utiles

Longueur des lignes et justification
L'usage est de couper les lignes des messages à une longueur de 72 caractères maximum. Cette contrainte provient de la largeur de 80 colonnes maximum des vieux terminaux en mode texte (sur lesquels certaines personnes lisent encore et sans aucune peine leur courrier), mais a été conservée aussi pour d'autres raisons. La respecter permet notamment de gérer correctement l'important problème des citations. Si votre logiciel est bien conçu, vous n'avez pas à vous préoccuper de cette contrainte, et il est même possible que vous disposiez d'une commande vous permettant de (re-)justifier n'importe quel bloc de texte selon cette largeur.

Si l'usage est de 72, nettement inférieur à 80, c'est pour permettre la citation de votre message dans une réponse, et donc son décalage ultérieur vers la droite, sans pour autant dépasser la 80e colonne.
Dernière minute : un lecteur d'un âge (à peine) plus respectable que le mien m'a courtoisement transmis une rectification historique.

Avec la plupart des logiciels, il est recommandé de n'insérer aucun retour à la ligne soi-même, cela étant fait pendant la rédaction, ou automatiquement avant envoi. Il est préférable de faire quelques expériences (en s'envoyant par exemple des messages à soi-même) afin de comprendre comment votre logiciel gère ce problème de longueur de ligne. En effet, certaines versions de Netscape par exemple ont fâcheusement tendance à ajouter des sauts de ligne qui viennent subrepticement s'ajouter aux vôtres, ce qui donne au final le désastreux effet suivant :

En effet, certaines versions de Netscape par exemple
ont
fâcheusement tendance à ajouter des sauts de ligne qui
viennent
subrepticement s'ajouter aux vôtres, ce qui donne au
final le
désastreux effet suivant
Mettez votre ordinateur à l'heure
De nombreuses personnes trient leurs boîtes aux lettres par l'heure d'envoi, information nettement plus utile que l'ordre d'arrivée. Si votre système n'est pas à l'heure, il est possible que votre message soit difficile à retrouver voire même ne soit pas lu du tout ! De plus, est-il utile de le préciser, le courrier électronique est international. En sus de l'heure, il est donc important de régler également votre fuseau horaire, sous peine de tout fausser.

Il est possible de demander à votre ordinateur d'aller régulièrement et automatiquement se mettre à l'heure à partir d'un serveur NTP.

Donnez un sujet explicite à vos messages.
Si vous n'avez jamais reçu des dizaines de messages quotidiens, vous pouvez difficilement imaginer le bonheur qu'il y a à être capable d'en retrouver un entre tous grâce à un champ Subject: judicieusement choisi.
Utilisez le champ Bcc:
Le champ Bcc: (parfois appelé Cci: par microsoft) signifie « copie cachée » (Blind Carbon Copy). Il vous permet de faire un avis à la population sans étaler votre carnet d'adresses au grand jour. Aucune personne recevant le message n'a connaissance des destinataires « cachés ». Il ne s'agit pas d'un gadget : vos connaissances ont communiqué à vous leur adresse électronique, elles ne souhaitent pas pour autant que cette adresse soit rediffusée à tous les amis de leurs amis.
De plus tous les destinataires (cachés ou pas) apprécieront grandement de ne pas devoir faire défiler une indiscrète liste de 3 pages d'adresses avant de pouvoir accéder au contenu du message.
Orthographe, grammaire, style etc.
Il est vrai que le courrier électronique est en général un peu plus « décontracté » que le courrier classique. Mais ne vous laissez pas prendre à ce piège. Un minimum de soin dans ces domaines est naturellement nécessaire pour communiquer efficacement. Et si vos messages sont mal rédigés et truffés de fautes d'orthographe, cela ne peut que vous nuire à terme.
Le délimiteur de signature
La convention de faire précéder sa (brève) signature d'une simple ligne comportant les trois caractères "-- " (deux tirets et une espace) est universellement répandue, donc quasiment « normalisée ». Cela permet aux divers logiciels de traiter la signature utilement et intelligemment : la colorier différemment voire la faire disparaître à la lecture, ne pas l'inclure dans la citation lors d'une réponse, etc. Il est possible que votre logiciel respecte automatiquement cette convention (pour le savoir il suffit par exemple de vous envoyer un message à vous-même). Sinon, vous pouvez utilement ajouter cette ligne vous-même « à la main ».

Note : Il est impossible de respecter cette convention avec le logiciel Outlook Express.


L'art de la citation

Il est très agréable et efficace lorsqu'on reçoit une réponse à un message de disposer d'un bref rappel préalable du contexte. Par exemple, imaginons que vous deviez répondre au message suivant :
Bonjour,

 As-tu lu la dernière version du rapport que je t'ai fait parvenir
et qu'en penses-tu ? Est-ce que M. Dupont l'a lu aussi ?

Par ailleurs, j'ai trouvé un document intéressant sur le Web, dont
voici l'adresse :
   <http://www.cict.fr/net/ErreursMel.html>

À bientôt.

-- 
M. Duschmoll
Tel.: (+33) 8 3638 2222
    
L'usage veut que pour un maximum de lisibilité en répondant, on cite des extraits de la façon suivante :

M. Duschmoll écrivait :

>  As-tu lu la dernière version du rapport que je t'ai fait parvenir
>  et qu'en penses-tu ?

Oui, je l'ai parcouru, et j'ai relevé les problèmes suivants :
   ...  blabla ...
mais dans l'ensemble je pense qu'on approche de la version définitive.


>  Est-ce que M. Dupont l'a lu aussi ?

Dupont l'a emmené en vacances, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps
d'y jeter un oeil.


>  Par ailleurs, j'ai trouvé un document intéressant sur le Web, dont
>  voici l'adresse :
>   <http://www.cict.fr/net/ErreursMel.html>

Je l'avais déjà vu, par contre connais-tu celui-ci ?
  <http://marc.herbert.free.fr/mail/>

Cordialement,

-- 
M. Martin
    
Par contre, il est néfaste pour la clarté d'inclure l'intégralité du message précédent, cela ayant de surcroît l'inconvénient majeur de multiplier la lenteur et le coût des télécommunications, du stockage, du classement, etc. D'autant plus que certains logiciels n'hésitent même pas lors du dixième message à inclure les dix messages précédents ! On arrive ainsi aisément à multiplier par dix ou vingt les coûts et diviser par autant les performances... vous trouviez internet trop rapide ? De plus, l'approche « Jeopardy » adoptée par certains programmes, consistant à placer le message d'origine après la réponse, reste à ce jour inexpliquée.

Et enfin lorsque vous relayez une information, éviter d'utiliser la fonction Répondre, car après plusieurs relais, on obtient en général ce style de message illisible (exemple vécu :-) :

>
> > Allez un petit jeu pour vous, ça va vous décontracter
> > Merci de me tenir au courant ...
> >
> > Ce jeu ne va te prendre que 3 minutes...
> > > >> > > Essaie-le.
> > > >> > > Ça va t'effrayer...
> > > >> > > La personne qui l'a envoyé a dit que son voeu
s'est
> > > >> > > réalisé 10 minutes
> > > >> > > après l'avoir lu.
> > > >> > > Mais pas de triche. Ce jeu a un
drôle/effrayant
> > > >> > > dénouement. Ne lis pas
> > > >> > > en avance mais  fais-le dans l'ordre, point
par
> > > >> > > point.
    
Il préférable d'utiliser dans ce cas l'une des deux fonctions Faire suivre ou Redistribuer, conçues à cet effet.

Ici encore, tous les logiciels ne sont pas égaux : certains vous aident à respecter ces principes, en vous avertissant si jamais vous vous apprêtez à envoyer un message y contrevenant. D'autres vous obligent à vous battre contre eux pour poster des messages corrects, ce qui signifie en réalité que, comme vous avez plus intéressant à faire que vous battre contre un logiciel, vos messages ne seront jamais efficaces. Le logiciel Outlook Express est malheureusement particulièrement bien placé dans cette catégorie, et il semble que citer correctement avec lui soit impossible même après efforts.

Que faire ?



Conclusion

Prenez toujours votre temps, et tournez sept fois votre clavier dans votre bouche avant d'envoyer quoi que ce soit. Et cela aussi bien dans votre propre intérêt immédiat : cela peut souvent vous éviter un certain ridicule, ou une publicité néfaste que votre société vous reprochera. Et pour les messages destinés aux gens que vous connaissez bien ? Soyez tout aussi prudent, vous ne connaissez pas forcément leur manière d'utiliser l'informatique.
Les logiciels récents sont très simples et agréables à utiliser, et vous permettent d'envoyer un message en quelques secondes. Ils vous permettent aussi de faire des gaffes en quelques secondes.
Documentez vous, faites des recherches, il y a des tas de pages sur le réseau qui répondront à quasiment toutes vos questions, et vous éviteront de faire des gaffes. Dans le doute, ne faites rien, n'envoyez rien et demandez conseil à quelques personnes, par exemple l'informaticien de votre entreprise ou de votre quartier, et pas à la planète entière.

Imprimez la Netiquette, traduite en français par l'infatigable Jean-Pierre Kuypers une fois, et lisez la dans le train ou le bus. C'est un document de référence à caractère officiel. C'est un peu long, mais tout est dedans. Lisez la une fois. Vraiment. Vous vous assoirez ensuite toujours devant un clavier avec l'esprit tranquille.

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Dernière mise à jour le : 28 avril 2001


Marc Herbert

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